Emplacement 11
Dans le prolongement de son récent travail explorant la science à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Catherine Leutenegger développe une démarche artistique où les outils d’acquisitions visuels employés dans le milieu scientifique complètent - voire se substituent complètement – au matériel photographique conventionnel. Cette approche polymorphe des moyens utilisés à la création d’images brouille volontairement les pistes de lecture et la compréhension du processus de réalisation. Le résultat final s’éloigne subtilement de la photographie traditionnelle, tout en en conservant certains codes. Les images aux rendus mystérieux des matières invitent à la contemplation et nous confrontent aux nouveaux langages esthétiques émergeant des dernières technologies. Feather est une micro-tomographie à rayon X représentant le fragment d’une plume d’oiseau. Cette acquisition visuelle est composée de la juxtaposition de plusieurs milliers d’images générées par un instrument scientifique – unique en Suisse - permettant la reconstitution de la structure d’un objet en trois dimensions, couche par couche, et ce avec une grande précision dans le rendu des matières. Cet appareil appelé tomographe offre la possibilité d’analyser les propriétés extérieures et intérieures d’un matériau sans l’altérer. Ce procédé dont la résolution peut atteindre jusqu’à quelques microns pour des objets de petite dimension est utilisé à l’EPFL dans divers domaines de recherches dont l’ingénierie, la médecine et l’archéologie.
© Plateforme PIXE EPFL & Catherine Leutenegger
Née en 1983, Catherine Leutenegger est titulaire d’un diplôme d’études postgrades en Photographie obtenu
en 2007 à l’Ecole cantonale d’art de Lausanne (ECAL). Elle travaille en tant qu’artiste photographe et enseignante.
Depuis les années 2000, elle enquête sur le médium photographique et son contexte de production suite
à la révolution numérique. Un travail de mémoire « métaphotographique » engageant une réflexion sur le
médium, son passé, son présent et son avenir. De Hors-champ, série consacrée aux ateliers de photographes
qui pose la question de l’évolution de ce médium qui la fascine, à Kodak City qui recense la disparition
d’un empire. De MOTEL, à l’esthétique de road movie helvétique à New Artificiality, explorant le
potentiel et les limites d’une imprimante 3D, Catherine Leutenegger travaille inlassablement sur l’entropie
de toutes choses, de toutes activités. Son travail analytique d’une formidable précision et d’une grande
beauté allie humour et amour d’un art en mutation. Elle est l’archéologue de ce qui disparaît lentement ou
n’a pas même commencé à disparaître mais témoigne déjà de sa propre finitude.
Son travail a fait l’objet de nombreuses récompenses, dont le Prix Culturel Photographie du canton de
Vaud 2018, le Prix Culturel Manor et les Bourses Fédérales de Design.
Ces distinctions lui ont notamment valu une exposition individuelle au Musée de l’Élysée, la publication
d’un livre monographique intitulé Hors-champ (Éditions Infolio), ainsi qu’un séjour en résidence d’artistes
à New York, en 2007. Durant ce séjour, Catherine Leutenegger s’est immergée dans la ville de Rochester
surnommée Kodak City (la ville Kodak), au nord de l’État de New York, où George Eastman (1854-1932),
pionnier de l’industrie photographique, fonda l’entreprise Kodak en 1881.
Kodak City fait l’objet d’un livre édité chez Kehrer Verlag.
Depuis 2014, Catherine Leutenegger s’ouvre sur une pratique artistique pluridisciplinaire en jouant sur la
transversalité des médiums, le rapport d’échelle, la spatialité et l’ambiguïté des formes. Avec une posture
d’archéologue et d’anthropologue, elle soulève de nouvelles réflexions sur l’omniprésence numérique et
la matérialisation du virtuel.
Son oeuvre a été présentée et publiée sur le plan international. Son travail fait partie de plusieurs collections
publiques et privées dont celles de la Fondation MAST, du Musée Nicéphore Niepce et du Musée de
l’Elysée à Lausanne.